Déambulatoire théâtral à l’école Sophie-Barat

Par les rencontres multidisciplinaires, les réflexions et les idées émergent. L’enseignant Michel Stringer de l’École Sophie-Barat à Ahuntsic-Cartierville en sait quelque chose. Depuis plusieurs années, il crée des projets d’envergure, des événements à la croisée des disciplines et implique activement ses élèves en les questionnant sur des enjeux sociaux actuels. Dans ses cours de français, une approche culturelle centrée sur les sciences humaines amène les élèves à explorer la littérature en portant une attention particulière à la transformation des territoires, autant sur le plan physique, social et politique.

Site du pensionnat du Sacré-Coeur (aujourd’hui l’école Sophie-Barat). Anonyme. s.d.. Archives de la CSSDM.
Le site illuminé lors du spectacle Habiter les Ruines. Passerelles. 2021.

Genèse du projet

Le projet de réflexion et de création Le Territoire autrement a débuté à la suite d’un précédent projet, qui abordait quant à lui la question du pouvoir. À travers cet exercice, les jeunes se sont surtout sentis concernés par les enjeux environnementaux. Ces enjeux ont été le fil conducteur d’une réflexion sur notre manière d’habiter et d’exploiter nos territoires ainsi que nos modes de production agricole et l’articulation de toute la chaîne alimentaire. Cet aspect alimentaire lié au territoire devait amener une série de rencontres avec des agriculteurs et agricultrices ainsi que des gens issus de la restauration impliqués dans la lutte contre les changements climatiques. Pandémie oblige : ces rencontres se sont révélées impossibles et le déplacement sur le territoire, limité. Michel et ses élèves se retrouvent donc confiné-es sur leur propre territoire, celui de l’école Sophie-Barat. C’est sur ce site que les élèves se poseront leurs premières questions et face à cette école qu’ils et elles débuteront leur réflexion. Comment s’est transformé ce lieu et comment était-il avant ? Quel est son avenir ?

C’est ainsi qu’émerge la soirée Habiter les ruines, le premier épisode d’un projet qui en comportera plusieurs.

Habiter les ruines

En 2018, notre coopérative a reçu le mandat d’effectuer l’étude patrimoniale de l’école Sophie-Barat, près de la Rivière-des-Prairies dans l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville. En préparation pour alimenter le projet Habiter les ruines, Michel Stringer met la main sur cette étude et reconnaît le nom d’une de ses anciennes élèves. C’est l’une des membres fondatrices de notre coopérative, Frédérique, qui a fréquenté l’école secondaire Sophie-Barat étant plus jeune ! Un hasard splendide ; nous voilà impliqué-es dans le projet à titre de consultant-es en patrimoine.

Déambulatoire

Le 8 et 9 octobre 2021, un déambulatoire théâtral se déploie sur le terrain de Sophie-Barat. Six stations sont disposées sur le site, mettant en évidence les particularités, étranges et sublimes, de ce lieu. Sous la direction artistique de Michel Stringer, Marie-Aube St-Amant Duplessis et Anne-Sara Gendron, les stations épatent par une mise en espace et un éclairage magnifique. La mise en scène est assurée par Patrick R. Lacharité et Alex Trahan, qui conduisent habilement une troupe de comédien-nes, les élèves de l’école Sophie-Barat ainsi que Frédérique et Andréane, postées à la première station.

Performance d'Andréane et Frédérique. Passerelles. 2021.
Élèves. Anonyme. 1956. Archives de la CSSDM.

Le site de l’école Sophie-Barat

Chargées d’animer la première station, nous avons eu le plaisir de faire voyager le public dans le temps à travers une performance courte relatant l’évolution du site et du secteur, avant la construction de l’école. Nous avions pour mandat de fournir certaines clés historiques pour préparer le public à la suite du déambulatoire.

Fascinante, l’histoire de l’occupation du site de l’école Sophie-Barat remonte à bien longtemps et bien avant l’arrivée des colons européens. Durant la période précoloniale, le site aurait été traversé d’un chemin de portage et aurait accueilli une halte pour les différents peuples autochtones qui sillonnaient le territoire. On y pratique à cette époque la chasse, la cueillette, la pêche : la terre se veut nourricière.

Au tournant du 18e siècle, les colons s’y installent et commencent à défricher et à cultiver cette terre. Nous retrouvons alors deux fermes sur le site de l’école : la ferme Meilleure et la ferme Bayard. Le curé Jacques-Janvier Vinet, de la paroisse du Sault-aux-Récollets, achète ces deux fermes pour les offrir aux Dames du Sacré-Cœur, une congrégation religieuse française vouée à l’éducation des jeunes filles. Elles y construiront le pensionnat du Sacré-Cœur à partir de 1855 et conserveront l’esprit de terre nourricière du lieu, en portant une attention particulière aux aménagements paysagers du site. L’histoire de l’école Sophie-Barat peut maintenant commencer.

La suite

Déployés sur plusieurs années, les chapitres futurs du projet multidisciplinaire Le Territoire autrement sont encore à déterminer. La recherche et les réflexions se poursuivront pour les élèves de l’école Sophie-Barat qui présenteront le fruit de leurs expérimentations au Théâtre Aux Écuries en 2022. Nous serons au rendez-vous, honoré-es d’avoir appartenu l’espace d’un instant à ce projet inspirant.

. Photographie d'archive. Anonyme. s.d.. Archives de la CSSDM.