Un regain d’intérêt pour le motel Oscar

Dans le cadre d’un mandat réalisé pour la Ville de Longueuil au printemps dernier, nous avons eu l’occasion de nous plonger dans le monde très rétro des motels du boulevard Taschereau. Plus spécifiquement, nous avions pour objectif d’évaluer l’intérêt patrimonial de l’affichage du motel, un enseigne commerciale lumineuse à néon des années 1960, quasiment inchangée.

La petite histoire...

Construit par Monsieur Oscar Boudreau en 1947, le motel appartient ensuite à son fils Raymond Boudreau et ce, jusqu’en 2019. Le motel, vacant depuis quelques années, est la proie d’un incendie ravageur en janvier 2023, anéantissant une grande section du motel. Par une soirée d’été de 1962, Raymond et son père Oscar sont assis devant leur motel et se disent qu’ils doivent moderniser leur affichage. Il opte pour le fabricant M. Patenaude, dont le commerce n’est pas très loin sur Taschereau, qui dessine rapidement une esquisse de l’enseigne. Celle-ci plait du premier coup à Raymond et Oscar, qui la font fabriquer et installer un peu plus tard dans l’année. Elle remplace ainsi l’ancienne enseigne, qui portait le nom précédent de l’établissement, Lili’s Inn.

Les enseignes commerciales lumineuses à néons

Brevetées en 1911 en France par Claude Georges, les enseignes au néon ont toutefois rapidement été adoptées par les fabricants américains qui, grâce à cette nouvelle technologie, peuvent désormais exprimer de nouvelles formes dans l’affichage, qui plus est, s'illuminent la nuit. Composantes phares de l’architecture et de l’aménagement postmoderne aux États-Unis, son archétype est assurément la strip de Las Vegas, aux sources de l’ouvrage notoire : Learning from Las Vegas. Les enseignes commerciales lumineuses au néon, souvent associées aux années 50 et 60 pullulaient jadis dans les grandes villes américaines. Elles ont notamment proliféré dans la période d’après-guerre, mais tendent à disparaître du paysage urbain, notamment en raison d’un changement de goût et de mode, de la disparition de certains commerces, de leur changement d’usage ou de modifications réglementaires quant à l’affichage.

En Amérique du Nord, les affiches au néon réfèrent au divertissement et aux voyages, car elles sont affublées généralement aux commerces comme les motels, les cinémas, les théâtres, les ciné-parcs, les bars, les stations services, la restauration rapide, entre autres.

Les motels

La première utilisation du mot « motel », contraction de « motor » et « hotel », date de 1926. Originaires des États-Unis, les motels connaissent leur apogée dans les années 1950 à 1970 avec l’essor de l’automobile. Ces derniers se sont multipliés sur les routes des États-Unis pour également gagner en popularité au Québec à partir des années 1950. Avant, les lieux d’hébergement temporaire que l’on trouvait sur la route prenaient plutôt la forme de cabines indépendantes les unes des autres. Les motels, quant à eux, sont généralement construits sous la forme de longs bâtiments à un étage ou parfois deux, exprimant une architecture simple aux lignes horizontales. Ils ont favorisé la démocratisation du tourisme, puisqu’ils étaient pratiques et plus abordables pour les familles.

Attachement social et représentation dans les médias

Véritable objet de fascination, le motel Oscar s’est taillé une place de choix dans la culture populaire et fut le lieu, à plusieurs reprises, de scènes de films et de téléséries. Effectivement, depuis le début des années 90, plusieurs tournages ont élu domicile au 1100 boulevard Taschereau. Notons entre autres les films Le vent du Wyoming d’André Forcier (1994), Les Boys de Louis Saia (1997), L’Ange de goudron de Denis Chouinard (2001), Horloge biologique de Ricardo Trogi (2005), Le cas Roberge de Raphaël Malo (2008), Lance et Compte de Frédérik D’Amours (2010) Omertà de Luc Dionne (2012), ainsi que les séries télévisées Le négociateur (2005-2008), Série Noire de Jean-François Rivard (2014), Fugueuse de Michelle Allen (2018-2020) et même la production française Au plus près du paradis de Tonie Marshall (2002).